Chère Sibylle,
Si j’étais un grand pingouin, c’est dans tes pages que je voudrais vivre avec les miens.
Que tu décrives la beauté de mes plumes sur mon corps bancal, la force de mon bec, la profondeur de mes yeux.
Oui, que ce soit toi qui transmettes mon histoire, ma lignée, ma vie et ce futur béant que je laisse après moi.
Que tu racontes à quel point j’ai vécu, et survécu même aux assauts assoiffés de mon sang.
Que tes lecteurs à leur tour s’inventent leurs images, ce conte illustré où tout sera réel au creux de ton talent.
Alors ils me verront, bien debout devant eux, l’œil vif sur la banquise et le plumage brillant au sortir de ma dernière nage.
Dans ce face à face, ils découvriront à quel point eux et moi pouvons même être amis.
Puis ils comprendront que le cœur battant dans ton livre est tout à fait le mien.
Alors peut-être pleureront-ils quand ils réaliseront que, désormais, je suis un souvenir.