Éric nous colle dès les premières pages aux souvenirs de son père adoptif, brutalement disparu, ce père beau et complice que ce fils croyait pilier de tout, réparé d’accidents, silencieux de passé, et qui ne voulait pas vieillir.
Mais l’absence laissée est un gouffre de questions : celui ouvert par le suicide.
Éric y plonge avec tendresse, interroge, inventorie les choses qui, au fond d’une boîte à gants, sur l’aplat d’un bureau ou dans le tourbillon des souvenirs, deviennent si bavardes.
Éric les raconte par menus chapitres, y revient, répète ses trajets en boucle, peut-être allégorie des sorties à vélo au côté de son père sur les mêmes trajets.
Car ce texte est comme un homme à homme, côte à côte propice aux réflexions sur l’identité et l’attachement.
La route ou la vie défile, c’est du pareil au même : les plats, les déliés, les montées, les paysages. Puis, tout à coup, la chute du père laisse le fils seul en haut du col.
Mais il faut bien poursuivre le trajet et revenir chez soi : Éric ne pédale plus et laisse venir les mots, la descente est abrupte, et, quand il ne gifle pas, le vent de la roue libre sèche les larmes.