Tahar Ben Jelloun m’emmène dans la geôle de son personnage, officier condamné pour avoir suivi ses supérieurs et participé, au Maroc, à un semblant de coup d’état.
Exiguë et sous terre et privée de lumière, c’est un trou.
Alors me voilà parti pour le bagne de Tazmamart, avec son lot de privations, d’humiliations, de dangers, de temps long ; de temps infiniment long.
Car l’on y sait moins le temps de la condamnation que le rythme de la mort des compagnons d’infortune.
Puis, grâce au pouvoir magique d’un style tantôt noir de terreur et tantôt lumineux dans les respirations de l’histoire, je comprends que je suis moi-même ce trou.
Comme ce prisonnier attachant déchirant, je suis le puits à eau profonde où je peux compter le rythme lancinant de mon horloge qui ne tient que maintenant.
Où je peux me désaltérer de la mémoire des textes appris par cœur.
Où je peux apprécier la puissance de l’amitié, la vigueur de l’amour et l’évidence de la spiritualité.
Et, si je parviens à y puiser aussi la force d’agir pour entretenir les murs de ce trou, c’est à dire mon corps, je trouve en moi le seul joyau qui n’a pas besoin de lumière pour briller : la liberté.
Merci Tahar.