En plus du coup de genou qu’il nous donne en plein ventre depuis le centre du tableau, c’est sa maigreur dorée qui frappe en premier. Et c’est à peine si la douceur de son geste vers l’agneau nous fait oublier toute la douleur qui émerge de la silhouette. Heureusement, la coiffure, longue et lisse à l’extrême, et comme invisiblement coiffée, nous repose un peu sur des traces de vie.
Le visage n’existe pas, fondu dans des bruns obscurs et noircis, d’où émerge à peine une expression molle et un œil las et presque clos. Car la lumière extérieure au cadre n’éclaire que les restes du corps, ses muscles maigres et ses chairs disparues.
Dès mi-ventre, le pagne en fourrure se confond presque avec la chair illuminée. Il n’est là que pour cacher la nudité que l’impudique position des jambes écartées nous aurait sinon immanquablement révélée.
La croix bien sûr semble l’ultime support à cette quasi-carcasse qui ploie, toute rompue de fatigue. C’est qu’il reste un peu de force dans le bout des doigts ! Même si la poignée de fourrage donnée à l’agneau apparaît juste comme la projection d’un repas qui n’aura pas lieu.
Enfin, de tout cela, on n’est pas certain; car l’ensemble nous intimide un peu. Et on est honteux devant un tel décharnement, malgré sa sensualité et ses accents mélancoliques. Il s’en faudrait de peu que nous ne plongions dans ce creux de l’épaule qui nous appelle désespérément comme une vasque vide.
Est-ce la force du coup de genou initial qui nous y renvoie ?