Armures – Stéphanie Hochet – Éditions Rivages

La sainteté de Jeanne comme la monstruosité de Gilles de Rais sont celles que l’on sait.
Stéphanie Hochet s’y attarde pour mieux les incarner et ne nous épargne rien, ni des voix entendues et des vœux formulés pour bouter l’anglais hors de France, ni de la boucherie des champs de bataille comme des chambres intimes : prière et dévotion, beauté éblouissante, prière et damnation, couteau éclaboussant.

Le texte éduque, emporte et monte en puissance, éblouit ou dégoûte : avec l’autrice, nous descendons de la grande Histoire à la sienne petite.
Sommes-nous dans l’invention ou dans l’auto-fiction ? Peu importe : nous sommes en littérature.
Le style est fluide, la construction parfaite, peu à peu arrive l’émotion.

À flirter bien trop près du bûcher, on a le cœur chauffé autant qu’il est serré.

L’autrice se révèle et dépose l’armure bien trop lourde à porter. C’est la nôtre qu’elle fend : on voudrait la consoler.
Ensemble, serions-nous plus légers pour nous interroger : nos actes et nos amours sont-ils le patrimoine que nous croyons bâtir ?

Ou bien un héritage descendu jusqu’à nous de bien d’autres héritages ?
Et, en fermant le livre, qu’allons-nous préférer : l’ancêtre qui consume ou celui qui allume ?

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