Ce n’est pourtant pas de l’autofiction, mais le chien, c’est bien lui, Laurent !
Et il n’a besoin que de son incipit pour m’envoyer en pleine gueule son authentique pedigree de grand écrivain.
C’est lui qui porte le collier de la littérature, et c’est moi qu’il trimballe à l’autre bout de la laisse. Son odorat est comme son style, d’une finesse exemplaire.
Il est allé fouiner dans une dystopie, m’y entraîne comme s’il en connaissait tous les recoins et sans jamais m’y perdre.
Je suis avec délectation ce polar acéré.
Et Laurent a le culot de traverser tous les sentiers battus : les menaces qui planent sur notre monde, la perversion des hommes, les abus des puissants, la soumission des misérables… c’est-à-dire notre terrain de chasse à tous. Mais avec sa musique à lui.
Que je marche ou cours avec lui, c’est toujours d’une implacable maîtrise : j’ai la langue pendante ou me lèche les babines.
Et, au bout de ma lecture, ce chien me rappelle que la seule odeur qui sauve est celle de la niche d’où l’on vient.
Sans elle, aucun repère pour l’amour que l’on cherche, ce gibier de la vie.