Dans son atelier de banlieue, Eva, taxidermiste, est un drôle d’oiseau : elle n’a que les plumes qui servent de camouflage afin d’éviter tout contact avec son voisinage.
En revanche, elle n’a pas les plumes qui protègent de la pluie ou du froid.
Tout cela est très insuffisant pour voler correctement…
Alors que Nicolas, de plume, lui, n’en a qu’une : celle qui me fait décoller sans même m’en rendre compte avec ses dialogues jubilatoires et ses élans sensibles tout en retenue (si si c’est possible !).
Me voilà pris dans l’envolée qui fait rire ou tordre le cœur, déposé par moments aux pays de l’absurde, puis mené vers une quête : celle du père d’Eva, ou bien du rapport parfait qu’elle pourrait tisser avec lui, peut-être même idéal comme celui qu’entretiennent ses voisins, père et fils.
Dans ce ciel, tout est juste et enlevé, et je ne cesse avec Eva de prendre de l’altitude.
Là-haut, je plane les ailes grandes ouvertes étendues sur le vent, et je rejoins ces autres personnages, ces passereaux qui n’ont rien de secondaires : si près d’eux, c’est là que commence la véritable migration, celle qui revient à soi au soir d’un long voyage, celle qui vous rappelle que, pour trouver sa place, tout est là, juste à côté de soi, juste à portée de plume.