Mon Père, le sien, celui de la Paroisse aussi, et celui qu’il est pour son fils : pour ce roman, Grégoire Delacourt choisit une trinité… Pas de hasard pour un huis clos dans une église ! Mais quelle dissection pour comprendre ce qui arrive à son personnage principal et à sa famille !
Que faire lorsque l’on découvre son fils atteint par la barbarie pédophile et que l’on a rien vu ? Que devient-on ? Et lui, que peut-il devenir ?
L’histoire, dévastatrice pour tous, se dévoile par tourbillons successifs : violence des descriptions, contrastes de vocabulaire parfaitement maîtrisés, repos introspectifs où les mots savants permettent une respiration, chapitres très brefs comme des coups de poing…
Dans cette lessiveuse, je suis balloté entre les espoirs de rédemption, une certaine paix que je crois voir poindre, et la poisse qui colle pour toujours au cœur des personnages.
Les faits sont trop lourds, et, jusqu’à la toute fin du livre, je comprends mieux à quel point l’impossibilité de dire est la gangrène que des monstres adultes instillent au corps de certains enfants. Peut-être que la vie entière de ces derniers consistera seulement à contenir sa progression.