Premier Sang – Amélie Nothomb – Albin Michel

J’ai compris qu’Amélie Nothomb avait écrit ce livre suite au décès de son père durant le premier confinement de 2020. Pour mieux le comprendre, quelle belle idée que de se mettre à sa place et d’écrire à la première personne !

Grâce à ce stratagème osé, j’entre dans une sorte d’intimité délicate où Amélie me transporte avec ses phrases ciselées, son vocabulaire toujours précis et son inénarrable art des contraires : dans cette histoire de famille, l’on peut se passer de sa mère si l’on dialogue avec son portrait, l’on peut être au paradis dans le châteaux grand-paternel même s’il est décrépi, glacial, affamé et sauvage (surtout si l’on y découvre la poésie), l’on peut y rencontrer des êtres anormaux et en faire ses complices à nos apprentissages, puis revenir sans peine au cocon grand-maternel pour ses bains chauds salvateurs et ses repas complets.

Et puis, Amélie nous décrit la « schtouf », cette pièce où l’on vit en famille, serrés autour du feu, pour conjurer l’hiver et éviter la morsure du froid.

Au fond, après la mort d’un père, le roman ne serait-il pas la plus belle des « schtoufs » ? Oui, merci Amélie : restons au chaud dans la littérature, non pour raviver le passé ou entretenir le souvenir, mais juste pour rendre à nos parents ce qu’ils nous ont donné : notre premier sang, la vie.

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