Chanson douce – Leïla Slimani – Gallimard

Louise, nounou coupée en deux entre sa vie de mère isolée et sa vie de mère adoptive chez ses employeurs.

D’un côté, le réel rêche et misérable ; de l’autre, le réel idéal et rêvé. 

D’un côté, les difficultés quotidiennes qui collent à la peau : répétées, immuables. 

De l’autre, la perfection jusqu’à la perversion : instable, ambigüe. 

Deux mondes aux antipodes. 

La dépendance, omniprésente, ne fait que changer de camp d’un chapitre à l’autre. 

Dans son style fluide et acéré, Leïla ne me dit rien de l’éducation que son héroïne Louise a reçu, un peu des difficultés rencontrées pour élever sa propre fille, et beaucoup de celle qu’elle prodigue aux enfants dont elle s’occupe.

La tension repose peut-être aussi sur la différence entre deux « gagner sa vie » : pour les parents, il s’agit de vivre mieux une situation déjà privilégiée. Pour Louise, il s’agit juste de survivre, de tenter de s’extraire de situations… inextricables. 

Chanson douce : une mélodie magnifique, mélancolique et dérangeante, qui commence mal et qui ne peut finir que plus mal encore.

Une musique subtile et des paroles qui demeurent. Une chanson dans la tête pour aider des parents, pas pour endormir les enfants.

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