Cette Préparation est un tourbillon, une succession des menus épisodes qui forgent une vie, avec sa flopée de personnages, parfois juste cités, qui me tient sur la brèche, dans une longue ballade, tantôt voilée d’un halo mélancolique, tantôt moderne à tout crin.
Le style de ce livre, incroyablement maîtrisé, me tient en haleine dans un temps suspendu : au fur et à mesure que j’avance la lecture, je rajeunis comme au théâtre d’enfants de Clément Coupèges, le narrateur. Ou même mieux : je deviens la marionnette de ses phrases ciselées, de ses jeux amoureux dans leurs costumes adolescents, de ses coups d’éclat, inattendus ou feints, et même de ses hilarantes saillies !
Jeunesse, amours légères, amours profondes, morts subites, écho des ressemblances… La vie avance et nous tend ses miroirs, le temps nous prépare inlassablement à l’instant d’aujourd’hui si nous savons le lire… au rythme des méandres de la Jeurre, cette rivière que parcoure périodiquement Clément : la barque lente, ce refuge pour initiés, ce repère de jeunesse, sablier aquatique qui n’a pas de durée…
La grande précision, les très belles descriptions et les magnifiques surprises stylistiques m’interrogent : est-ce l’histoire de l’auteur, ou est-ce une fiction ? S’agit-il d’un récit… ou d’un roman ? Grâce à cette lecture, je conforte ma pensée que le récit n’existe pas…
Et je trouve une réponse sur le quatrième de couverture, où Jean-Benoît Puech déclare : « Chacun ne connaît de la vie que le roman qu’il s’en fait ».
En refermant son livre, je ne peux que faire mienne cette révélation !