L’île de la Sentinelle, à mille kilomètres à l’est de l’Inde, en pleine Baie du Bengale, est peuplée d’une tribu qui vit en harmonie avec la nature et tue ses assaillants depuis des millénaires.
L’île de Benjamin Hoffmann, 375 pages, à portée de libraire, au contraire accueille le lecteur.
Approchez-vous et partez en voyage, vous ne risquez aucune flèche empoisonnée mais seulement la lecture d’une plume érudite qui mêle histoire contemporaine romancée, irruptions du réel, amitié, amour, surprises et aventures.
Un cocktail… implosif !
Car pourquoi diable cette île fascine-t-elle autant ?
Est-elle si mystérieuse et objet de fantasmes simplement parce qu’interdite d’accès ?
Car l’on connait tout d’elle : ses habitants, leur histoire ancienne, leur mode de vie, leur faiblesse immunitaire, leur nombre au cours des ans ;
ses paysages aussi, les plages de corail écrasé, immaculées sous le soleil ou rincées de tempêtes, son lagon dévasté par le tsunami de 2004, sa forêt classique et tropicale, verte, drue, pénétrable seulement par ses Sentinelles.
Ou bien est-elle une métaphore de la quête de l’autre ?
Benjamin nous présente l’entourage de son héros. Mais cet ami, cette épouse qu’il croit si bien connaître parfois ferme l’accès, le rejette ou l’oublie sur son embarcation où il se retrouve perdu et solitaire, prêt à subir l’orage ou des brûlures solaires.
Ou encore, est-elle le reflet de ma propre personne ?
Serais-je cette Sentinelle à moi-même inaccessible, prête à m’autodétruire ?
C’est cela peut-être, la question que Benjamin me laisse avec son refrain de déjà-vu qui parsème l’existence de son héros :
si je m’aventurais jusqu’à moi, au fond, trouverais-je la mort, ou la paix ?